06 septembre 2024
La Radio Télévision Suisse (RTS) a consacré un reportage aux arnaques sentimentales.
De véritables centres d’escroquerie ont vu le jour ces dernières années en Asie du Sud-Est. Un ancien employé raconte comment il a dépouillé des personnes de leurs économies dans le monde entier. Il raconte.
On y évoque notamment « romance scams », l’arnaque aux sentiments qui est une forme d’escroquerie très lucrative et en même temps particulièrement perfide, dans laquelle les victimes potentielles sont censées tomber amoureuses de l’auteur.
L’escroquerie aux sentiments est longue à mettre en place. Il faut un certain temps, explique un escroc, pour établir une relation de confiance avec le client. Il faut découvrir les intérêts spécifiques de la victime. Par exemple, si la personne s’intéresse au golf, on fait semblant de s’y intéresser également et on en parle avec elle.
Cela permet tout d’abord de créer un semblant de proximité et, ensuite, cela permet aux escrocs d’en apprendre davantage sur les revenus et la situation financière de la « cliente » ou du « client ». Par exemple, une victime peut confier, au détour d’une conversation, qu’elle négocie en bourse pendant ses loisirs.
Arrive le deuxième acte de l’escroquerie. Les fraudeurs se font passer pour des investisseurs à temps partiel. Ils parlent à leur victime d’une prétendue plateforme de trading avec des algorithmes sophistiqués. La victime est encouragée à investir elle-même un petit montant. L’application lui indique ensuite un gain. Petit à petit, le « client » doit augmenter ses investissements.
Le « client » est dépouillé par les escrocs jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’argent. Dans le jargon de la branche, ce procédé est appelé « dépeçage de porc ». La victime doit être vidée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à récupérer. Ensuite, les escrocs rompent le contact.
Les escrocs déplacent les fonds via des plateformes de cryptomonnaie – en passant par de nombreux comptes différents – avant de revenir pour les réintroduire dans le secteur financier traditionnel.
Des images issues de satellites montrent l’ampleur des centres de fraude. Ce sont de grands complexes de bâtiments qui abritent les bureaux et les logements des employés. D’anciens escrocs font état de services d’assistance informatique, de cantines, de centres de fitness et de bars karaoké.
Selon leurs recherches, la portée des réseaux criminels s’est tellement étendue depuis 2021 qu’ils représentent désormais une menace directe à l’échelle mondiale. Les criminels profitent des États faibles de la région, estiment les auteurs. Le Cambodge, le Laos et le Myanmar sont particulièrement touchés. Ces États auraient en commun un haut niveau de corruption.
Nombreuses sont les victimes de ces arnaques à vivre en Suisse. L’argent part généralement de comptes bancaires qui y sont détenus. Elles peuvent donc déposer plainte pour les pertes financières éprouvées.
Dans ce contexte, Me Loïc Parein répond aux questions des victimes et les conseille en vue de déposer plainte pénale.