Le 30 septembre 2023, Me Loïc Parein est intervenu, en tant que pénaliste, lors du Colloque de la Tribune psychanalytique à l’Université de Lausanne.
Dans la clinique, la psychanalyse évoque doctement le transfert négatif, idéalisant ou passionnel, la haine dans le (contre) transfert, la réaction thérapeutique négative, etc…peut-être aussi pour parler du transfert vengeur des analysants aussi bien que des désirs du psychanalyste de vengeance à leur endroit.
Lors des redoutables ruptures amoureuses envenimées par des rancunes interminables, il s’agit moins de se consoler de la perte de l’objet amoureux que de se venger d’une humilation narcissique infligée par ce même objet. Ce n’est pas sans analogie avec le deuil pathologique dans la mélancolie, les auto-reproches masquant en réalité les reproches à l’égard de l’objet d’amour.
Dans notre culture sociale, plus l’infraction commise touche à une valeur particulièrement sensible, comme l’intégrité sexuelle des enfants, plus le trouble social apparaît important. Par le jeu de la culpabilité, la réaction sociale vise la désignation d’un individu en tant que cause de ce trouble. Il s’impose donc de le faire disparaître, même symboliquement, pour retrouver l’équilibre perdu.
Le processus de désignation victimaire est particulièrement ritualisé. La procédure pénale comporte plusieurs opérations techniques devant rendre légitime le sacrifice. A cela s’ajoute une infrastructure singulière, le tribunal, localisé dans des lieux particulièrement ornés dans lequel officient des acteurs disposant d’un monopole usant d’un vocabulaire d’initié Ce protocole participe au transfert de la colère. Le système pénal procède d’une logique sacrificielle.
Dans ce cadre, Me Loïc Parein a eu l’occasion d’évoquer la théorie du bouc émissaire de René Girard et ses troublantes similitudes avec la procédure pénale.